

Découvrez ici l’interview de Sophie Gallois
Il y a plusieurs mois de cela, une amie m’a prêté un livre qui l’avait beaucoup marqué ; Genius. J’avoue que, au premier abord, la couverture ne m’attirait pas vraiment… Mais, d’un autre côté, aucune couverture n’aurait pu représenter la beauté que l’on découvre en ouvrant ce livre !
C’est ainsi que, 26 ans après la parution officielle de Genius, je vous invite à découvrir ce livre et son auteure dans cet interview !
CLIQUEZ ICI POUR DECOUVRIR MA CHRONIQUE SUR CE LIVRE
Le concept de Genius, un livre de génie…
-Bonjour ! Tout d’abord un grand merci à vous, Sophie, qui avez généreusement accepté de répondre à mes questions concernant votre ouvrage, Genius. D’ailleurs, pour parler de votre livre, commençons tout d’abord par revenir sur son contexte ; dans votre livre, on suit deux protagonistes qui vont essayer de trouver « leur génie ». En effet, ce génie sera ensuite présenté à un jury et, s’il gagne leur faveur, il remporte par la même occasion un prix conséquent qui aura pour but de subvenir à ses besoins artistiques et autres jusqu’à la fin de sa vie. Ce concept, plus qu’original, a également l’avantage d’être terriblement intriguant. Comme vous est venue cette brillante idée ?
-Bonjour Cloé ! Rassurez-vous, c’est avec plaisir que je répond à vos questions 🙂 C’est assez émouvant de vous voir arriver pour parler avec moi de ce livre, paru pourtant 26 ans auparavant ! Concernant l’élément déclencheur de cette idée, je dirais qu’il s’agit d’une citation de Saint Exupéry, qui, en voyant des enfants miséreux, s’est indigné devant “tant de Mozarts assassinés…”. C’est cette phrase, précisément, qui après m’avoir longuement trotté dans la tête, m’a poussé à écrire mon livre.
La citation ;
« […] Quand il naît par mutation dans les jardins une rose nouvelle, voilà tous les jardiniers qui s’émeuvent. On isole la rose, on la cultive, on la favorise. Mais il n’est point de jardinier pour les hommes. Mozart enfant sera marqué comme les autres par la machine à emboutir. Mozart fera ses plus hautes joies de musique pourrie, dans la puanteur des cafés-concerts. Mozart est condamné.
Et je regagnai mon wagon. Je me disais : ces gens ne souffrent guère de leur sort. Ceux qui portent [la plaie] ne la sentent pas. C’est l’espèce humaine et non l’individu qui est blessé ici, qui est lésé. Je ne crois guère à la pitié. Ce qui me tourmente, c’est le point de vue du jardinier. Ce qui me tourmente ce n’est point cette misère, dans laquelle, après tout, on s’installe aussi bien que dans la paresse. […] Ce qui me tourmente, les soupes populaires ne le guérissent point. Ce qui me tourmente, ce ne sont ni ces creux, ni ces bosses, ni cette laideur. C’est un peu, dans chacun de ces hommes, Mozart assassiné. «
-Je trouve ce texte infiniment puissant, en effet…
L’organisation de votre quotidien d’écrivaine…
-Ensuite, pouvez-vous nous exposer votre organisation au cours de la rédaction de votre œuvre ? Est-ce que vous aviez des carnets de note, un plan pour votre livre, etc…
-Oui, j’avais des carnets de notes, et un plan qui émergeait lentement. En même temps, j’étais très consciente de ne pas vouloir m’ennuyer en écrivant. Commencer à écrire le chapitre 1 et continuer en sachant ce qu’il allait arriver dans chaque partie, cela aurait été fort ennuyeux. Donc j’ai gardé de l’incertitude, du suspens, et j’ai été d’un chapitre à l’autre selon mes humeurs et inclinations Petit à petit, les pièces du puzzle se sont mises en place.
-Et, finalement, combien de temps cela vous a-t-il pris d’arriver au bout de votre histoire ?
-Le livre m’a pris plus de 5 ans. D’abord, j’avais un travail à plein temps, donc j’écrivais surtout les weekends et pendant les vacances. Ensuite – peut-être parce que je vais d’un chapitre à l’autre sans suivre l’ordre chronologique, il me fallait réécrire chaque passage de nombreuses fois pour qu’il s’accorde avec la manière dont l’histoire et les personnages évoluaient. Enfin j’écris de gros manuscrits, et l’éditeur me demandait à chaque fois de réduire le texte de 30% (très douloureux de devoir couper son texte !).. Enfin c’était beaucoup de travail, un processus très intense – et je me souviens ne pas avoir été capable de lire de romans pendant que j’écrivais le mien. Je n’avais pas le temps et j’avais aussi peur d’être influencée par d’autres auteurs.
-Oui, c’est vrai que ce qu’on lit à une influence considérable sur notre propre écriture. Mais, d’un autre côté, je me vois mal interrompre l’une de mes passions au gré de l’autre !
Les personnages de Genius…
-J’aimerais m’arrêter un moment sur vos personnages, tellement uniques et magnifiques à la fois… Est-ce que certains d’entre eux représentent des personnes en particulier ? Ou sont-ils tous sortis de votre imagination ?
-En fait, je crois beaucoup dans le pouvoir de l’imagination. Donc, je les ai tous imaginés. Toutefois, pour les mettre en classe, j’ai par exemple fait des recherches sur les enfants prodiges, j’ai visité l’école Yehudi Menhuin, parlé à des psychologues spécialistes de la créativité, lu beaucoup de documents. Plonger dans une vraie recherche est vraiment important, quelle que soit l’histoire qu’on écrit, parce que la réalité stimule l’imagination et donne des détails concrets, crédibles, qui « font vrai » et nourrissent le récit. La première fois qu’on écrit un personnage, il est souvent plat. Et puis on y revient de nombreuses fois, en ajoutant un détail, un vêtement, une émotion, et petit à petit ils prennent une vie autonome, et une personnalité propre – cela prend du temps à émerger, et ils finissent par avoir leurs idées a eux, leurs propres voix, on ne peut plus en faire ce que l’on veut…
-C’est magnifique, ce que vous dites !
-Merci 🙂
L’art, ou l’amour ?
-Dans votre livre, je trouve que deux thèmes principaux se démarquent de l’ensemble. L’amour, et l’art. Par amour, je veux aussi dire l’humanité, les relations en général. Si vous deviez conserver un seul de ces deux thèmes, dans votre vie ou dans votre livre, lequel choisiriez-vous ?
-Oh… Je vais essayer de vous donner une explication bien concise. Pour commencer, j’aimerais rappeler que je suis l’auteure de 2 romans, dont je suis plutôt fière (le premier s’appelle Diamants et porte sur l’industrie diamantaire). Je suis donc, en quelques sortes, une artiste. Supprimer l’art, c’est supprimer une de mes passions, et donc l’amour que j’éprouve pour elle.
En même temps, écrire est vraiment un travail énorme et solitaire, et signifie donc un sacrifice – de fêtes où on n’a pas été, de livres qu’on n’a pas lus, de voyages qu’on n’ a pas eu le temps d’organiser… Si je devais préserver une seule chose, ce serait, finalement, plutôt les aventures dans la vraie vie – les personnes rencontrées, les expériences, les voyages – que les livres dont j’ai été l’auteure.
-Merci Sophie Gallois, pour ce magnifique interview 🙂
-De rien, j’espère t’avoir été utile 😉
Genius est un livre encore relativement méconnu… Pourtant, c’est une véritable prouesse littéraire ! Je vous invite à aller découvrir d’autres avis que le mien, parce qu’il FAUT que vous soyez convaincu et que vous le lisiez 😉
J’adore, cet interview m’a totalement donner l’envie de lire ce livre ! A noter pour mes prochaines lectures !
ohhh ça me ravit grandement aha 🤗
Super interview, bravo !!